Ligne soeur du Régional : La ligne des Horlogers

Sur le blog transportrail.canalblog.com, un excellent article d’avril 2020 présente la ligne des Horlogers, “ligne soeur” du Régional, dans la mesure où l’absence de financement et d’entretien l’ont menée au bord de la fermeture avant qu’elle ne soit sauvée par la régionalisation du transport ferroviaire français.

La ligne entre Le Locle Col-des-Roches (Frontière) et Besançon-Viotte a été mise en service en 1884 par la compagnie PLM (Paris-Lyon-Méditerranée) pour permettre une liaison entre Neuchâtel (et le plateau Suisse) et la France. C’est en raison de la forte présence de l’industrie horlogère des deux côtés de la frontière que la ligne porte le surnom de ligne des horlogers.

L’ouverture de cette ligne évitait le village des Brenets, ce qui a suscité la demande de concession pour la construction du Régional, au motif que “la localité des Brenets, village situé à l’extrême frontière Suisse, est une de celles qui ont été le plus mal traitées par l’établissement des nouvelles communications“.

Au cours du XXe siècle, le trafic entre Neuchâtel et la France a bien plus utilisé la liaison via le Val-de-Travers et Pontarlier et la ligne des horlogers a souffert de la concurrence. L’entretien des infrastructures a été négligé et, jusqu’aux grands travaux de 2021, de grandes portions de la ligne devaient être empruntées à vitesse réduite. En 2020, six allers-retours par jour traversaient la frontière. Ils étaient assurés par des autorails X73500 de la SNCF et la fréquentation ne remplissait pas, en 2016 l’exigence du seuil de rentabilité de 30% exigé par la confédération, avec environ 400 passagers par jour (comparable à la fréquentation du régional). [RIEDER, 2016, p.15]

En 2021, la ligne est fermée durant plusieurs mois pour sa remise en état qui permettra d’assurer la fiabilité de l’horaire grâce aux corrections apportées à l’infrastructure et à la suppression des restrictions de vitesse. Certains ouvrages d’arts seront aussi consolidés. Ces travaux sont devisés à plus de 55 millions d’euros dont une partie a été prise en charge par la Suisse dans le cadre du programme Interreg.

En 2020, la signalisation sur le tronçon entre la frontière et La Chaux-de-Fonds a été modifiée. Comme les CFF ont installé l’ERTMS sur la ligne entre Neuchâtel et Le Locle, le matériel roulant SNCF risquait de ne plus pouvoir s’aventurer en territoire suisse car il ne disposait que du système KVB installé en France et du système SIGNUM présent en Suisse. Pour assurer l’exploitation de la ligne et son intégration dans le concept cantonal Neuchâtel Mobilité 2030, les CFF ont accepté d’installer le système KVB après avoir désinstallé SIGNUM pour éviter tout conflit de signalisation. Selon l’article de transportrail, cette situation perdurera jusqu’en 2029 et l’arrivée de nouveau matériel roulant du côté français.

À moyen terme, selon le concept Neuchâtel Mobilité 2030, l’électrification de la ligne jusqu’à Morteau est prévue, ce qui permettra une cadence à la demie-heure, assurant un trafic pendulaire fiable pour l’agglomération du Doubs et les villages actuellement ruraux de France voisine feront partie d’un ensemble péri-urbain transfrontalier centré sur les villes suisse du Locle et de La Chaux-de-Fonds.

Malgré la baisse de la démographie dans les Montagnes Neuchâteloises, les difficultés techniques, l’impossibilité de la coordination transfrontalière et la faiblesse de la fréquentation de la ligne, les autorités des deux côtés de la frontière ont su comprendre les avantages de la modernisation de la ligne et le potentiel de développement que ce projet offre à cette région qui est encore fortement considérée comme périphérique et secondaire à l’échelle de chacun des deux pays. La faiblesse de la fréquentation n’était visiblement pas due à l’absence de demande, bien au contraire – comme on peut le constater avec les chiffres du trafic routier sur le même tracé – mais bien au contraire à la faiblesse de l’offre en terme de quantité et de qualité.

Avec ce projet cohérent, porté et soutenu par toutes les collectivités publiques concernées, la qualité du trafic ferroviaire transfrontalier permettra enfin une compétitivité des transports en commun face à l’attractivité du trafic routier individuel, une amélioration de la qualité de vie pour les pendulaires et les riverains des axes routiers ainsi qu’une réduction de l’impact environnemental du trafic transfrontalier.

À l’heure de la crise climatique et des difficultés économiques des montagnes Neuchâteloise, il est important que les autorités appuient des projets ambitieux comme celui-ci pour insuffler à la région l’énergie nécessaire à un rebondissement et à l’entrée dans le XXIe siècle.

C’est pourquoi l’ARBL demande aux autorités de considérer la population du village des Brenets – qui a été négligé jusqu’à son incorporation à la commune du Locle – comme digne de faire partie de l’agglomération urbaine du Doubs et de disposer de transports en commun attractifs et compétitifs face à la voiture.

SOURCES

Besançon – Le Locle : la ligne des Horlogers un jour à l’heure suisse ? Article sur transportrail, un blog de canalblog, par ortferroviaire.

RIEDER Marcus, WALCKIERS Juliette, TELLIER Céline, La navettisation Morteau–La Chaux-de-Fonds dans le contexte de l’horaire 2016, Étude de faisabilité, CCRR – Centre de Compétence Trafic Régional Rieder, Winterthur, mars 2016. [PDF]

28 janvier 2021 | ArcInfo | Plus de 50 millions pour la ligne des horlogers (PDF)